5 octobre 2017

1. Définition et grandes étapes

Qu’est-ce que la mesure d’impact social?

La mesure d’impact social désigne, de manière générale, l’activité qui consiste à évaluer les effets découlant d’une intervention.

  • Le mot mesure signifie, au sens propre « déterminer, évaluer d’après un étalon, à l’aide d’un instrument ». On peut aussi l’interpréter, au sens figuré, comme un synonyme d’évaluation.
  • Le mot impact est un anglicisme de plus en plus en usage dans la langue française et employé, dans ce contexte, comme synonyme de conséquence, effet ou retombée.
  • Le mot social renvoie généralement à la prise en compte d’aspects autres que les considérations purement économiques.

Dans la pratique, la mesure d’impact social désigne un ensemble de pratiques visant à décrire et à démontrer les changements causés par une activité. Les techniques permettant d’atteindre cet objectif peuvent impliquer un niveau de formalisation ou de « rigueur scientifique » variable, allant de brèves études basées sur les perceptions de quelques participants à des études longitudinales avec des groupes contrôles sélectionnés aléatoirement (essai randomisé contrôlé). Bien que la corrélation ne soit pas parfaite, un niveau de formalisation plus élevé entraînera généralement des coûts également plus élevés.

Ainsi, selon à qui l’on s’adresse, la mesure d’impact social peut signifier différentes choses. Pour éviter la confusion, il est possible de parler d’évaluation des effets.

L’évaluation des effets désigne une démarche systématique permettant d’estimer les conséquences attribuables à une intervention.

On peut situer l’évaluation des effets dans un ensemble plus vaste d’évaluations portant sur divers objets liés à l’intervention d’une organisation. Cette intervention est généralement illustrée grâce au modèle logique.


Voir un exemple

Afin de rendre ce schéma plus parlant, prenons l’exemple fictif d’un programme gouvernemental de réduction de la vitesse des automobilistes. L’effet ultime recherché (l’impact) est la réduction des accidents mortels sur la route. Pour y parvenir, le gouvernement investit des ressources (intrants) pour réaliser l’activité de concevoir une campagne de sensibilisation. Les extrants produits par cette activité sont des publicités incitant les automobilistes à réduire leur vitesse. La réduction de la vitesse sera l’effet direct, immédiat, recherché. Pour évaluer l’impact de ce programme, il faudra donc prendre en considération les changements observés ainsi que les facteurs externes susceptibles d’avoir influencé ce résultat.


  • Pour en savoir plus sur le modèle logique, les éléments qui le composent et d’autres éléments de vocabulaire, consultez le Glossaire.

Pourquoi mesurer l’impact social ?

Plusieurs raisons peuvent pousser une organisation à s’engager dans une démarche d’évaluation. Pensons à : juger de la pertinence d’une intervention, aider à la planification, améliorer une intervention, rendre des comptes, renforcer le pouvoir d’agir des participants, valoriser la contribution de l’action des employés et bénévoles, contribuer à l’avancement des connaissances, établir une crédibilité, accroître son niveau de reconnaissance ou encore essayer d’accéder à des financements. Dans certains cas, la meilleure option sera effectivement d’évaluer l’impact social, mais dans d’autres situations il vaudra peut-être mieux évaluer les besoins, les activités, les résultats à court terme, voire ne pas évaluer du tout et concentrer ses efforts sur la planification, la communication, le marketing, etc.

Comment mesurer son impact social?

Plusieurs méthodes, guides et outils proposent une démarche permettant d’évaluer les effets d’une entreprise d’économie sociale. Ces démarches ont plusieurs points communs, qui peuvent être résumés en quelques étapes.

Grandes étapes d’une évaluation des effets

  1. Définir les objectifs de l’évaluation. Avant de se lancer dans une démarche d’évaluation, il faut d’abord se demander pourquoi une telle démarche est nécessaire, à qui elle s’adresse et à quelles questions vous souhaitez répondre. Tout le reste de la démarche dépendra des réponses à ces questions. Il s’agit donc potentiellement de l’étape la plus importante, celle à laquelle vous devriez consacrer le plus de temps, d’autant plus que ce travail ne peut pas être délégué à des experts externes. Il est important de noter que les organisations évaluées n’ont pas toujours le contrôle à cette étape puisque certaines démarches sont imposées de l’externe.
  1. Choisir la méthode et l’approche. Par approche, nous entendons notamment la manière dont vous aborderez l’évaluation et les choix que vous ferez en matière d’implication d’intervenants externes. Le choix de cette approche devrait découler des réponses à l’étape 1. Il vous faudra évidemment tenir compte des ressources dont vous disposez ainsi que du temps que vous êtes prêts à investir, et être prêt à réviser vos objectifs s’il n’y a pas de concordance entre ceux-ci et vos moyens. Dans la majorité des cas, vous ne choisirez pas une méthode toute prête, mais bâtirez plutôt une démarche adaptée à votre contexte en vous inspirant de ce qui existe.
  • Pour en savoir plus sur cette étape, consultez Les méthodes liées à la mesure d’impact social.

 La formulation exacte des étapes qui suivent dépend des objectifs d’évaluation, de l’approche, de la méthode et des ressources que vous aurez choisi d’allouer. Ces étapes sont présentées uniquement dans le but de vous donner une idée générale de ce qu’implique une évaluation des effets.

  1. Identifier et impliquer les parties prenantes de l’activité à évaluer. Une fois que vous avez convenu qu’une évaluation des effets est effectivement le type d’évaluation dont vous avez besoin, vous pouvez commencer le travail en cartographiant les groupes (membres, utilisateurs, bailleurs de fonds, partenaires, employés, etc.) susceptibles d’être concernés par votre activité, c’est-à-dire qu’ils sont directement affectés ou qu’ils ont le pouvoir de l’influencer.

  2. Identifier les effets recherchés et les indicateurs. Pour mesurer les effets de votre activité, vous devez idéalement élaborer une « théorie du changement », c’est-à-dire un portrait des buts ultimes (votre mission), objectifs intermédiaires et moyens qui vous permettront de cheminer vers ces buts. Nous qualifions ces divers objectifs d’effets recherchés et leur nature varie d’une organisation à l’autre. La sélection d’indicateurs pertinents se base sur les effets recherchés.

En réalisant les étapes 2, 3 et 4, vous êtes en train de rédiger un plan d’évaluation. Un modèle de plan d’évaluation, tiré d’une publication d’Imagine Canada (2006), peut être utilisé en cliquant ici.

  1. Recueillir et analyser les données. Cette étape consiste à documenter les effets en fonction des groupes et objectifs ciblés par votre action, puis à analyser les données ainsi recueillies. La méthodologie exacte, le niveau de formalisation et les détails de cette étape varient grandement en fonction de la méthode que vous privilégierez.
  1. Utiliser l’information et réévaluer les besoins. Le fruit de l’évaluation que vous aurez ainsi menée doit servir certaines finalités (p. ex. améliorer vos activités, faire reconnaître votre action, prendre des décisions, etc.). Des évaluations subséquentes et des mises à jour pourront être nécessaires ou non en fonction de vos besoins.

 

Pour aller plus loin