Contexte et raison d’être des travaux du TIESS et de ses partenaires
Ces travaux sont nés d’une volonté exprimée par plusieurs réseaux d’économie sociale d’être évalués sur des bases qui leur ressemblent et qu’ils participent à définir, de mettre en valeur leurs façons de faire, bref de se définir eux-mêmes avant d’être définis par d’autres.
Vidéo d’introduction à la mesure d’impact social (5 min)
Vidéo sur les enjeux et opportunité de l’évaluation et la mesure d’impact social (5 min)
d’impact social et pour sa mesure (20 min)
Travaux du TIESS
Dans ce contexte, le TIESS et ses partenaires travaillent depuis trois ans sur l’évaluation et la mesure d’impact en économie sociale. Les acteurs de l’économie sociale trouveront sur cet espace web l’ensemble des outils produits jusqu’à présent pour:
- faciliter leur compréhension du monde de l’évaluation et de la mesure de l’impact social des entreprises collectives et de ses enjeux ;
- soutenir leur réflexion pour faciliter leur orientation au sein de ce monde vers :
- une compréhension commune de l’évaluation au sein de l’économie sociale ;
- un positionnement et une prise de décision éclairée face aux approches et aux enjeux de l’évaluation, en fonction de leurs missions, activités, besoins et façons de faire.
Dans ce contexte, 6 organisations (Chantier de l’économie sociale, Conseil québécois de la coopération et de la mutualité – CQCM, Comité sectoriel de main-d’œuvre de l’économie sociale et de l’action communautaire – CSMO-ESAC, Collectif des entreprises d’insertion du Québec – CEIQ, Conseil québécois du loisir – CQL, Territoires innovants en économie sociale et solidaire – TIESS) ainsi que 3 chercheurs du CRISES et du Philab (Sylvain A. Lefèvre, Maude Léonard et Marie J. Bouchard, directrice scientifique du projet) ont décidé de publier la Déclaration de Montréal sur l’évaluation et la mesure d’impact social. Cette Déclaration a été coécrite par ces acteurs, mais elle vise l’adhésion d’un maximum de réseaux de l’économie sociale, de bailleurs de fonds, d’experts en évaluation et de chercheurs.
Pourquoi cette Déclaration ?
L’évaluation consiste à faire une série de choix (qu’est-ce que j’évalue ? Pourquoi ? Pour qui ? Comment ? etc.). Il est essentiel que les acteurs évalués participent à faire ces choix en comprenant bien les diverses options qui s’offrent à eux. C’est cette compréhension que le TIESS a cherché à améliorer à travers un travail de coconstruction et de transfert de connaissances destiné à l’économie sociale dans toute sa diversité, mais aussi dans toute son unité.
Quelle approche ou quelle méthode utiliser ? Quels indicateurs choisir ? Qui peut m’aider ?
Les premières questions qu’on est tenté de se poser lorsqu’on aborde l’évaluation et la mesure d’impact social ne sont pas forcément les plus importantes, ou du moins les premières auxquelles on devrait répondre. Le domaine peut sembler complexe et nous sommes vite tentés d’aller chercher un soutien extérieur pour nous accompagner, et cela est bien légitime. Il existe pourtant certaines questions que l’acteur potentiellement évalué se doit de se poser seul (avec son équipe et ses instances de gouvernance). Ces questions sont quant à elles relativement simples, mais soulèvent les enjeux les plus importants.
Derrière cette question se cache une autre grande question : qu’est-ce qui a de la valeur ? Est-ce que ce sont nos processus et façons de faire ? Nos modes de gouvernance démocratique, l’affectation de nos surplus à notre mission, notre ancrage territorial, la qualité de nos biens et services, etc. Ou uniquement nos résultats mesurables ? La population desservie par exemple.
Sur la base des résultats de l’évaluation, qui décide la part de nos actions qui méritent d’être poursuivies, promues et financées ? Ce qui doit changer et être amélioré ? Ce qui constitue une amélioration ? Nos bailleurs de fonds d’économie sociale ? Une fondation qui nous finance ? Le gouvernement ? Des investisseurs privés traditionnels ?
- Sur quelle base se font ces choix ? Qui participe à définir ces bases ?
Est-ce qu’on souhaite laisser cela à de grands groupes de consultants privés qui développent des méthodes applicables universellement et qui traduisent l’impact social en dollars ? Ou est-ce qu’on pense qu’on doit prendre part à la définition de ce cadre évaluatif dans une dynamique de coconstruction et de négociation ?
Ces choix sont au cœur de l’évaluation et la mesure d’impact social. Ils ne vont pas de soi. Et parce que les réponses qu’on apporte à ces questions ont une grande influence sur l’avenir de nos organisations (leur mission, leur manière de travailler, leur processus décisionnel, etc.) et par extension des communautés qu’elles desservent, il est essentiel que nous, acteurs de l’économie sociale, participions à y répondre.
En fin de compte, l’évaluation permet de nourrir des prises de décision qui orientent ensuite notre action et, par extension, participent à définir ce que nous sommes. Nous sommes donc face à un enjeu de taille. Se définir nous-mêmes avant d’être défini par d’autres.
- Les acteurs de l’économie sociale doivent PARTICIPER À DÉFINIR les termes de cette évaluation et se l’approprier pour que celle-ci :
- réponde à LEUR besoin ;
- leur permette de mieux COMPRENDRE et AMÉLIORER leur pratique et processus et avoir plus « d’impact » ;
- soit COHÉRENTE avec leur PROJET (leurs objectifs et leur identité) et ne risque pas de les en éloigner.
Ainsi, comme c’est souvent le cas, derrière un monde qui peut paraître très complexe, se cachent les mêmes grandes questions politiques si simples et pourtant si importantes :
- Qui décide et sur quelle base ? Autrement dit, comment le pouvoir est-il organisé et exercé ?
L’économie sociale forge depuis des décennies une réponse démocratique et solidaire à ces grandes questions. Il est essentiel qu’elle ne se laisse pas aveugler par des méthodes miracles ou des indicateurs universels qui participeront à définir ce qu’elle devrait être ou ce qu’elle devrait devenir. Ces choix nous appartiennent, disons-le haut et fort.
L’évaluation doit être UTILE à nos organisations, PARTICIPATIVE et axée autant que possible sur l’APPRENTISSAGE (bien qu’il soit important aussi de se valoriser). Les acteurs financiers, bien qu’ils doivent prendre part au débat, ne doivent pas dicter seuls ce qu’on évalue, ni comment on le fait. Les démarches évaluatives ne doivent pas être uniformisées et standardisées à outrance. L’évaluation doit être ADAPTÉE à ce qu’on fait et au contexte dans lequel on agit.
C’est là l’essence de cette Déclaration, nous espérons que vous y adhérerez en grand nombre.