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Le transfert en vidéo

Pour le TIESS, le transfert est un processus menant à l’intégration de connaissances ou de procédés nouveaux dans la pratique des individus et des organisations. Cette démarche repose sur le travail conjoint des chercheurs et des praticiens de l’économie sociale et du développement territorial au Québec. Nous présentons ici notre vision de l’opérationnalisation de ce processus de transfert.

Que veut-on transférer ?

Au TIESS, nous voulons transférer les connaissances résultant notamment d’expérimentations et d’initiatives en économie sociale afin de favoriser le développement des territoires. Pour être en mesure de les transférer, ces connaissances doivent être systématisées.

C’est un processus qui prend sens dans l’action et doit donc s’intégrer aux activités conjointes entre praticiens, entre chercheurs et entre praticiens et chercheurs.

Ainsi, le transfert implique un croisement des savoirs des chercheurs et des praticiens, afin qu’ils s’enrichissent mutuellement. Toutefois, le croisement entre les univers de la recherche et de la pratique ne va pas de soi. Ces milieux n’ont souvent pas le même langage, les mêmes contraintes, les mêmes façons de faire, le même horizon temporel. Ils ne posent pas forcément les questions de la même façon. Chacun appréhende la réalité avec des éclairages, des rôles et parfois des compétences différentes. Ceci est un travail en soi et demande des conditions pour le faire.

Un espace de collaboration

Il faut d’abord qu’il y ait un espace de rencontre : un espace neutre où peut s’engager une discussion (délibération), et où la collaboration peut se construire. Ce lieu de rencontre ne doit être ni exclusivement ancré dans la recherche, ni exclusivement centré sur l’action. Il doit permettre l’expression des différences tout en menant à la définition d’objectifs communs dans un processus de coconstruction. Cette rencontre, en apparence toute simple, demande une médiation, une animation et une coordination. Bref, ce lieu de rencontre demande des règles et un rythme qui lui soient propres pour pouvoir être qualifié de « conjoint » ou d’espace de collaboration. Il demande aussi du temps : le temps que se construise la confiance, le temps de s’apprivoiser, le temps de comprendre, le temps de définir des modes de fonctionnement communs qui correspondent aux volontés, aspirations et contraintes de chacun.

Quand cet espace se construit, il se « passe quelque chose ». La coconstruction et l’apprentissage mutuel commencent dans cet espace de collaboration. Le transfert s’amorce grâce à cette interaction. La liaison est donc à la base du transfert. Les étapes du processus de transfert se résument comme suit :

  • La démarche est définie conjointement par les chercheurs, les praticiens et le personnel du TIESS impliqués dans un projet : la vision, les objectifs, les publics cibles, les apprentissages visés, les activités et outils voulus, les ressources, le temps requis, etc.
  • À travers ce travail, une relation se construit : on construit la compréhension de l’apport et du rôle de chacun. Ceci peut impliquer de la négociation et même parfois de la confrontation. On délibère et on collabore dans ce qui devient un travail commun.
  • Les connaissances sont mobilisées et systématisées, tant celles qui résultent de la recherche que celles plus ‘implicites’ des praticiens ou les observations de certains joueurs clé.
  • Des activités communes sont organisées et différents types d’outils de transfert sont produits. Ils serviront d’appui à un apprentissage sur le terrain.
  • Il y a une appropriation de nouvelles connaissances et une modification des pratiques.

Un processus soutenu par les conseillers en transfert

L’existence de cet espace de collaboration et son animation permettent que le travail se réalise. La présence de personnel professionnel, conseillers en transfert, agents de liaison ou de développement est ici importante. Ces personnes jouent un rôle de veille, de liaison, de coordination, de médiation, de traduction, d’accompagnement, de synthèse, de validation, de diffusion, de rétroaction, de mobilisation, d’organisation, de développement et de mise en perspective. Elles sont celles qui permettent de donner corps au transfert de connaissances, celles qui encadrent l’espace de collaboration qui a émergé.

Le transfert de connaissances est davantage qu’un processus à sens unique qui va de la recherche vers les acteurs et qui consiste à vulgariser les connaissances scientifiques : c’est un processus d’apprentissage mutuel et d’appropriation.

Une appropriation des connaissances dans la pratique

L’enjeu est l’appropriation des connaissances dans la pratique, celle des individus, mais aussi et surtout celle des organisations.

Le modèle de transfert au TIESS peut ainsi être qualifié – jusqu’à ce qu’on trouve un meilleur terme – de « modèle par radiation ». Il touche d’abord ceux qui participent directement à la coconstruction et à la systématisation des connaissances ainsi qu’à la construction des outils de transfert. Il touche ensuite un cercle plus large formé des réseaux de ces participants ou d’autres réseaux intéressés par les travaux du TIESS.  Ces réseaux deviennent alors des «passeurs » pour que le transfert se fasse plus largement.

Au-delà de la somme de projets, les différents réseaux mobilisés jouent un rôle crucial dans l’apprentissage mutuel et le transfert. Se rencontrer régulièrement – centres de recherches, réseaux de soutien au développement territorial et à l’économie sociale – au sein de diverses instances de travail, amène progressivement à penser l’avenir ensemble et donc à penser une transition sociale et écologique mettant en œuvre un autre modèle de développement.

C’est le sens du travail du TIESS.

Ce processus de transfert implique des conditions de réalisation :

  • Reconnaître que les praticiens qui participent aux travaux du TIESS ne sont pas de simples utilisateurs de connaissances, mais qu’ils participent bel et bien à un processus de coconstruction de connaissances. Ainsi, les organismes d’où proviennent ces praticiens doivent être financés en conséquence, car cette implication exige du temps.

  • Faire reconnaître le travail des chercheurs qui s’engagent dans cette voie. Ce travail doit alors être appuyé et valorisé par les organismes subventionnaires. Il importe également de dégager les chercheurs pour leur permettre de s’investir dans ces collaborations.

  • Que des réseaux de praticiens travaillent consciemment comme « passeurs », en appuyant les organisations de leur réseau à modifier leurs pratiques en fonction des connaissances produites, au moyen de différents outils et activités. Ceci demande d’avoir les ressources et de désigner des personnes affectées à ce travail.

  • Que la création de ces espaces de collaboration soit appuyée à large échelle, y compris dans les établissements d’enseignement supérieur.